Un livre avec toutes mes sympathies

Mon amie Olivia tient un blog littéraire, The unamed bookshelf. Il y a quelques jours, je l’ai accompagnée pour aller à la rencontre d’une autre Olivia, elle journaliste et critique littéraire renommée qui présentait son premier livre dans une belle librairie du XVIe arrondissement de Paris : Olivia de Lamberterie.

 

Si je vous parle de son livre, Avec toutes mes sympathies, c’est qu’il a un thème très lié à Une Rose Blanche. L’auteure y raconte les souvenirs partagés avec son frère Alex, qui s’est donné la mort en 2015.

 

Alors que j’étais bien occupée avec le lancement de ma campagne de crowdfunding, en 2 jours j’ai dévoré ce « livre de vie ». Émouvant, il dresse le portrait aimant et flamboyant d’un frère trop tôt disparu. La plume est gracieuse et affûtée, sans pathos. N’étant pas moi-même critique littéraire, je me permets plutôt de citer ce juste résumé de Télérama : « Avec toutes mes sympathies est un livre de mémoire autant que de deuil, gorgé à parts égales de chagrin et de vie, drapé d’une gaieté intrépide et têtue, déterminée à faire rempart aux larmes ».

 

Avec toutes mes sympathies, un livre de vie

Alors qu’après un décès par suicide, les gens ont tendance à ne voir que du malheur dans la vie du défunt, à entourer celle-ci d’un manteau de cendres, l’auteure nous interroge sur notre manière de vivre avec les morts. En écrivant, elle raconte que les souvenirs lui sont revenus, des souvenirs merveilleux de son enfance, qui peuvent paraître superficiels pour certains mais qui lui sont chers et transforment ce récit en livre de gratitude.

Dès qu’Olivia de Lamberterie a prononcé cette expression, livre de gratitude, j’ai compris que je n’étais pas la seule à croire à l’importance de partager ses souvenirs pour rendre hommage aux morts, mais aussi pour les garder un peu vivants.

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Avec toutes mes sympathies, un livre thérapeutique ?

J’ai posé cette question à l’auteure. Sa réponse est venue sans hésitation : « Je déteste cette idée ! Les livres ne sont pas faits pour que celui qui écrit aille mieux. Je n’aime ni les livres thérapeutiques ni les règlements de comptes, qui relèvent du domaine privé, pas de la littérature. L’écriture n’est pas thérapeutique… Il faut être en forme pour écrire, sinon ça donne des choses dégoulinantes. Un livre, ça ne doit pas être plombant ».

J’ai d’abord été un peu surprise par cette réponse à laquelle je ne m’attendais pas. J’avais le sentiment qu’écrire, regarder des photos, partager ses souvenirs pouvait aider dans le vécu du deuil.

Puis j’ai réalisé que sa conviction d’écrivaine n’était pas contradictoire avec ma conviction de fondatrice d’Une Rose Blanche. Son intention n’était pas la même que la mienne. Elle précise : « Je tenais à ce que ce soit un objet littéraire, pas un témoignage ».

« Je tenais à ce que ce soit un objet littéraire, pas un témoignage » O. de Lamberterie

Une Rose Blanche, ce n’est pas de la littérature. Le livre réalisé de manière collaborative est un recueil de témoignages et incite à se remémorer des souvenirs : des plus marquants aux plus anecdotiques de toute une vie. Le style est à l’image de chaque personne ayant connu le défunt, le vocabulaire est souvent courant, le format des textes est hétérogène entre les contributeurs et des photos accompagnent le portait comme on ferait un reportage photos. Et c’est tout cela qui en fait son caractère unique.

Les lecteurs sont des proches : la famille, parfois des voisins et amis. Néanmoins, je crois en la force de ce livre pour transmettre quelque chose du défunt à ceux qui lui survivent. Je crois que la démarche collaborative rassemble et réconforte.

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Un livre en souvenir des disparus, des mots pour les garder vivants

En faisant remonter ses souvenirs mais aussi en les partageant avec d’autres, on donne à connaître ce proche disparu :

  • D’une part, à ceux qui l’ont connu sous un autre angle ou dans un autre contexte ;
  • D’autre part, à tous ceux qui ne l’ont pas connu et qui, à la lecture du livre, apprennent qui il était.

 

« Un livre, c’est la seule chose qui fait que, dans cent ans, quand on sera tous en poussière, il y aura peut-être une petite trace d’Alex dans une bibliothèque municipale » O. de Lamberterie

 

Dans son récit, raconter qui était son frère est une manière pour Olivia de Lamberterie de le rendre immortel. « Si j’avais été sculptrice, j’aurais fait une statue, raconte-t-elle au magazine Elle. Mais ce sont les mots que je maîtrise, alors j’ai écrit un livre ». Avec son talent littéraire, elle nous offre la possibilité de connaître ce frère dont elle était si proche.

 

C’est de cette conviction qu’un livre est une manière de garder une trace que j’ai décidé de créer Une Rose Blanche. Le livre donne aux utilisateurs la possibilité à leurs enfants et petits-enfants, de connaître un parent parti trop tôt.

 

Merci à Olivia d’avoir utilisé son amour des mots pour commencer à inventer « une manière joyeuse d’être triste ». Et de croire comme moi que des mots aident à garder vivants les défunts…

 

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