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En cette période de confinement, Une Rose Blanche a fait une belle découverte musicale : The Loss, le premier album solo de la chanteuse Francis’.

Chloé a 32 ans et est journaliste. Elle est aussi et surtout passionnée de musique. Après plusieurs expériences dans des groupes, elle livre avec The Loss un premier album solo très personnel et chargé en émotions. La sortie est prévue le 7 mai 2020, soit 5 ans jour pour jour après le décès de son cousin.

L’écriture de cet album The Loss (“la perte” en anglais) a accompagné le deuil de ce cousin tant aimé et lui rend aujourd’hui hommage. Un hommage qui a une consonance universelle et a fait beaucoup de bien à nos oreilles.

Une Rose Blanche : L’écriture de cet album est intimement lié à un deuil que tu as traversé, peux-tu nous en dire plus ?

Francis’ : Le 7 mai 2015, j’ai perdu mon cousin dans un accident de voiture. En état de choc, j’ai eu besoin de me réfugier dans la musique, derrière ma guitare, pour lâcher mes émotions. J’ai écrit le premier couplet de Buried, la 3ème piste de l’album, le jour-même. Je voulais écrire pour le retenir. Cette chanson m’a accompagnée de l’annonce du décès à l’après-enterrement.

Mon cousin et moi n’avions que quelques mois d’écart. La veille de mes 28 ans, j’ai écrit The Oldest One : soudain, c’était moi qui devenait la plus âgée. Ce premier anniversaire où j’avançais dans le temps sans lui, c’était dur… 

A chaque étape de mon deuil, des chansons me sont venues, comme des béquilles pour m’accompagner et m’aider à traverser les vagues d’émotions. 

Une Rose Blanche : Comment le projet d’album est-il né ?

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Francis’ : En écrivant ces chansons, je n’avais aucun plan en tête. Elles étaient trop personnelles pour que j’aie l’idée de les partager, je les chantais parce qu’elles me faisaient du bien, point. J’avais un projet d’album, oui, mais je pensais à d’autres chansons, que j’avais écrites avant, sur des sujets plus “légers”: l’amour, l’amitié…

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Finalement, quand la vie a repris le dessus, et que tout était réuni pour l’enregistrement de mon premier album, ça s’est présenté à moi comme une évidence : je voulais faire ce cadeau à mon cousin.

J’ai sélectionné les chansons qui collaient au plus juste à mes émotions: celles sur lesquelles j’avais le plus pleuré en fait ! Et l’album “The Loss” a pris forme.

Une Rose Blanche : Dirais-tu qu’écrire cet album t’a aidée dans ton deuil ?

Francis’ : La musique a sans aucun doute été mon remède le plus efficace contre la tristesse. Chaque chanson a joué son rôle, j’ai pu lâcher mes émotions en chantant. J’ai d’ailleurs choisi de sortir ces chansons comme je les ai écrites, guitare/voix, parce que c’est pour moi la manière la plus juste et la plus directe de retranscrire mes émotions. Sans filtres ni fioritures. Avec ce projet, toutes les questions que je me posais avant ont disparues : je me fiche désormais de faire la musique du moment, je veux juste faire la musique qui me ressemble et me touche.

La finalisation et la sortie de l’album marquent aussi la fin d’un cycle. J’ai mis toutes mes larmes dedans et aujourd’hui, quand je pense à mon cousin, ce sont des souvenirs joyeux qui me viennent et me mettent le sourire aux lèvres. 

Une Rose Blanche : Penses-tu que tes chansons puissent en aider d’autres ?

Francis’ : Le deuil est un sujet à la fois très personnel et universel. Etonnamment, je réalise que ce sont mes chansons les plus intimes qui touchent le plus de gens. Parce qu’à travers l’histoire particulière et unique de la perte de mon cousin, je parle finalement des sujets qui animent toute l’humanité : l’amour, la vie et la mort.

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Je me suis rendue compte que même ceux qui ne comprennent pas les paroles ou qui ne connaissent pas l’histoire qu’il y a derrière étaient touchés à l’écoute des chansons. Quand l’émotion est juste, le message passe, c’est la magie de la musique. 

Une Rose Blanche : En quoi le décès de ton cousin a changé ton rapport à la vie ?

Francis’ : Si dans un premier temps, j’ai eu du mal à m’autoriser la vie et le bonheur, alors que lui n’y avait plus accès, j’ai finalement accéder à une autre étape, plus tard : l’envie furieuse de vivre, justement parce que j’avais cette chance d’être toujours là, moi. La perte de mon cousin a aussi changé mon rapport à la mort. Je veux continuer de parler de lui, de le faire vivre par les mots, les souvenirs, ses petites blagues qui me reviennent et que je raconte à mes enfants… La mort ne doit pas être taboue. Dans ma famille où l’on a parfois un peu de mal à exprimer nos émotions, parler de nos morts nous a beaucoup rapprochés. Ça aide à se sentir moins seul dans les moments difficiles, et ça permet de faire une vraie place aux personnes disparues parmi les vivants. Pour mieux avancer.

Je pense aussi que le processus de création est essentiel quand on traverse un deuil. Pour moi, cela a pris la forme d’un album. Pour toi Pauline, cela t’a menée à créer Une Rose Blanche. Quand on fait face à une mort, il y a une pulsion de vie qui doit venir équilibrer la balance. C’est le point de départ d’une nouvelle vie.

Pour acheter l’album en version physique ou digitale : https://thisisfrancismusic.bandcamp.com/releases

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Photo de l’article : Marine Arcoiris

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