deuil-fetes-noel

A tous ceux qui seront en deuil à Noël

Cette année, comme tous les ans, je vais fêter Noël en famille. C’est le moment de l’année où, à l’exception de ceux qui sont retenus au travail, les personnes isolées et les sans-abris, tout le monde est réuni pour vivre dans « l’esprit de Noël ».

Que les cadeaux soient posés au pied du sapin ou donnés en main propre. Qu’on parle ou qu’on s’ennuie à table toute journée. Que l’on prenne part aux débats politiques ou qu’on s’en amuse. Qu’on vive cette fête à 2 ou à 20… Chacun a ses rituels de Noël auxquels il est attaché.

Pourtant, pour beaucoup, peut-être vous, cette année signifiera vivre les fêtes de fin d’année, et en particulier Noël, avec l’absence omniprésente d’un être cher. Et être en deuil à Noël sera pour eux une véritable épreuve. S’ils le pouvaient, certains aimeraient tout simplement pouvoir passer directement au mois de janvier.

Fêter Noël… quand on n’a pas l’esprit à la fête

La semaine dernière, j’écrivais sur la difficulté ressentie à traverser décembre et les fêtes de fin d’année lorsqu’on vit un deuil. Pour écrire aujourd’hui, je suis allée à la rencontre de plusieurs personnes qui sont passées par là. Elles m’ont raconté comment elles avaient vécu non seulement les périodes de fêtes, mais aussi ce que le deuil avait modifié dans leur manière d’aborder les rituels : le soir de Noël, le réveillon de la nouvelle année…

De ces témoignages remplis d’émotions et de nostalgie, j’ai tenté de tirer des enseignements à partager avec vous qui êtes en deuil à Noël.

Comment se préparer lorsqu’on est en deuil à Noël ?

De nombreux témoignages décrivent comment, endeuillés, certains souhaiteraient tout simplement annuler le repas de Noël.

« Tout paraissait si compliqué. Voir du monde, faire les courses, sentir son absence et sentir le regard des autres pour savoir si j’allais bien. Fêter Noël est la dernière chose dont j’avais envie. M’enfermer chez moi et dormir me semblait être la seule option valable » raconte Jeanne après le décès de son mari. Avec le recul, Jeanne, Françoise, Marc et les autres partagent ici leurs expériences et leurs conseils.

1. Changez d’organisation

La disparition d’une personne qui a longtemps, voire toujours, été présente à Noël implique une réorganisation de la fête. Si vous voulez que les coutumes soient comme par le passé, vous serez peut-être déçu(e) car les choses seront toujours différentes. Parfois, il est donc plus facile de faire des changements, quitte à décider de garder quelques petites traditions familiales qui vous tiennent à cœur. On peut changer l’endroit où le réveillon aura lieu, l’organisation de la soirée ou le moment de l’ouverture des cadeaux.

Lisez aussi :  La cérémonie du souvenir, ou Hazkara, dans la religion juive

Quelques témoignages

Françoise, 67 ans, raconte « Je n’avais envie de voir personne suite au décès de mon mari. Mes enfants travaillaient jusqu’au 23 décembre et la simple idée de devoir organiser le repas de Noël m’épuisait. Le sapin n’était toujours pas fait… pourquoi faire un sapin quand on vit seule ? Et c’est finalement la présence de mon petit-fils qui m’a poussée à reprendre des forces. ». Pour les jours où ils se réunissaient, Françoise et ses enfants ont décidé de se réorganiser : acheter plus de choses « toutes prêtes » chez le traiteur, faire un repas au restaurant, organiser des jeux…

« Avant nous allions chez les grands-parents, mais comme mamie est morte cet été, cette année c’est nous qui recevons », raconte Marc, 27 ans.

« Nous le faisions toujours chez notre grand-père mais maintenant qu’il n’est plus là, ça n’est plus pareil. Chez lui, il y avait de la place et on restait toute la journée à osciller entre le salon et la cuisine. Maintenant, on a décidé de réduire à un dîner. Et chacun apporte un plat à partager. Au début, cela semblait étrange, et au final, nous nous y sommes accoutumés : on sait qui apporte les huîtres, qui prépare la bûche etc. » explique Solène, 30 ans.

Tous ces témoignages portent la même idée : qu’on le veuille ou non, suite au décès d’un proche, les choses changent, les rituels se trouvent transformés. Y être préparé, l’accepter, et devenir soi-même acteur de ce changement rend les choses moins compliquées à vivre.

Réfléchissez donc d’abord à ce que vous souhaitez. Puis, une fois décidé comment vous et votre famille allez vivre la période des fêtes, faîtes connaître votre décision à vos amis et à votre parenté si vous ne souhaitez pas subir ce qu’ils pensent être le mieux pour vous.

2. Contactez ceux avec qui vous souhaitez être

Les conventions font que parfois, on se sent obligé de passer du temps avec sa famille, sa belle-famille ou autres : Poursuivre « comme avant », pour ne pas faire de vagues.

« Nous avons toujours fêté Noël dans ma belle-famille. Avec le décès d’Isabelle, j’appréhendais ce premier Noël sans elle. Son frère m’a appelé et m’a proposé de me joindre à eux. Au début, je craignais cette nouvelle configuration. Puis j’ai réalisé après coup à quel point cela m’avait fait du bien : nous n’avions plus de lien officiel, mais j’étais toujours considéré comme faisant partie de leur famille. » raconte Philippe.

Lisez aussi :  Dans les coulisses de la fabrication de nos coffrets "Souvenirs"

Dans d’autres cas, changer d’organisation peut aussi signifier changer les personnes qui vont nous entourer pendant les fêtes.

  • Si vous pensez à des personnes avec qui vous aimeriez être, faites le leur savoir !
  • Si vous vous sentez isolé, nous vous donnons d’autres idées pour vivre cette période de fête autrement.

3. Osez parler du défunt ou lui rendre hommage

« Après le décès de ma mère, j’ai décidé d’honorer les traditions de ma famille… et en ai instauré de nouvelles. Je fais désormais chaque année un don à l’institut qui a accompagné ma mère lors des derniers mois de sa maladie. Mes frères et moi faisons une tarte au citron meringuée, qui était le dessert préféré de notre mère. » témoigne Mathilde.

Ces petits gestes symboliques ou tout simplement l’évocation de quelques anecdotes autour du repas, le fait de regarder ensemble des photos ou un livre de souvenirs permettent de ne pas oublier.

Certains profitent de ce moment de l’année pour se rendre au cimetière, à l’image de Philippe « Depuis 5 ans, chaque année pendant les vacances de Noël, je me rends avec mes frères sur la tombe de notre mère décédée d’un cancer lorsque j’avais 20 ans » explique-t-il encore.

Pour vivre le deuil à Noël et préparer des temps de souvenir et de recueillement, retrouvez nos conseils ici.

4. N’ayez pas peur d’être heureux(se)

Être en deuil ne signifie pas que vous ne pouvez pas éprouver de la joie. Etre heureux(se) pendant Noël, ce n’est pas trahir celui/celle qui vous a quitté(e).

Noël est synonyme de joie, de partage et de rassemblement. Rire, créer de nouveaux moments, se donner des nouvelles, prendre le temps de parler longuement… ce n’est pas oublier, c’est vivre d’autres instants. Appréciez la fête dans sa nouvelle configuration et ne vous en sentez pas coupables. La joie permet juste d’apaiser un peu la douleur et cela fait du bien à l’esprit ! 

Mes pensées à tous ceux qui seront cette année en deuil à Noël, et en particulier à :

  • Caroline et Anthony qui passeront leur premier Noël sans leur sœur Anne-So,
  • Marie-Jo sans Jean-Marie,
  • Nicole, Christelle et Virginie sans Francis,
  • Richard sans son père,
  • Karen sans son frère David.

Photo de l’article : Sweta Meininger

5/5 - (1 vote)