Comment se séparer ou trier les affaires d’un défunt ?
Passée la tristesse à l’annonce du décès d’un proche et de son enterrement, on doit faire face à une autre étape dont on parle peu et qui peut prendre beaucoup de temps : le rangement de la chambre ou du logement tout entier du défunt. Dans le deuil, celui-ci peut parfois se révéler être une véritable épreuve. C’est souvent plus dur de trier les affaires d’un défunt, et encore plus lorsqu’il s’agit de quelqu’un qu’on a aimé. Par quoi commencer ? Le tri met face à ses propres peurs, ses angoisses. Comment trier et se débarrasser de certaines affaires sans culpabilité ou sans avoir l’impression de trahir la personne aimée ? Faut-il tout garder pour autant ?
Pour écrire cet article, je me suis rapprochée d’Hafy, consultante en rangement et styliste-décoratrice d’intérieure. Elle accompagne fréquemment des personnes en deuil dans le choix de garder, de se séparer ou de transformer des vêtements et meubles ayant appartenu à des personnes disparues.
Après un décès, pourquoi est-ce si difficile de se séparer et trier de certaines affaires d’un défunt ?
En période de deuil, on est confronté à un double écueil : soit garder trop de chose et se sentir trop encombré. Soit se couper de son ressenti, se débarrasser de tout sans y être prêt et se sentir coupable.
Les 3 principaux freins au rangement et au tri après un deuil
Trier les affaires d’un défunt peut être relativement facile lorsqu’il concerne le mobilier. Il est possible de faire appel à des brocanteurs ou à des spécialistes pour faire évaluer et vendre les objets d’art de valeur ou les livres de collections. Mais qu’en est-il des souvenirs ? Ces objets à forte valeur sentimentale : photos, dessins, lettres, cartes postales, bulletin, diplômes qui nous rappellent notre enfance ou encore le temps passé avec le défunt ?
1. Il est difficile de se séparer des objets sentimentaux
Certains objets cristallisent la personne décédée ou encore la relation que l’on avait avec elle. Désencombrer nous confronte à nos émotions, chaque objet va générer des questions qui nous renvoient à des souvenirs, notre image de soi, nos attachements passés ou présents qui peuvent être sains ou toxiques. Trier des objets affectifs nous met devant un spectre d’émotions allant de la joie, la colère, ou l’amertume. D’où la culpabilité de se débarrasser de ces objets.
Le conseil d’Hafy :
Considérez que votre espace de vie est sacrée, en étant à l’écoute de vos émotions vous saurez déterminer si un objet a sa place dans votre intérieur ou si il serait mieux de le donner pour qu’il profite à d’autres. Ne vous lancez pas dans un désencombrement radical mais allez-y petit à petit à votre rythme.
Ce tri permet de partir sur de nouvelles bases, garder ce qui est essentiel et vous donne de la joie. Vous-vous sentirez léger car cette gestion d’objets vous aide à faire le deuil.
2. La sensation d’être responsable d’une mission
Quand on doit désencombrer une maison qui n’est pas la sienne, on peut se demander comment en disposer, se sentir responsable d’une mission, d’un devoir d’honorer la mémoire du défunt. Comment conserver, donner aux bonnes personnes, sans regretter… tout ça nous donne vite la sensation d’être envahi, submergé par les objets. On peut aussi avoir l’impression de trahir cette relation si on décide de ne pas garder certains objets. Les objets représentent souvent le lien affectif avec cette personne.
Le conseil d’Hafy :
Il peut dans ce cas être plus facile de donner à la famille élargie plutôt qu’à des associations. Il est bien normal de conserver certains objets mais en ayant en tête que ce n’est pas la quantité qui compte mais la qualité. Et surtout garder des objets que vous utiliserez au quotidien pour qu’ils puissent vivre, non pour les enfermer dans un grenier. Si vous souhaitez conservez des objets pour les enfermer alors donnez les et ne gardez que ceux qui feront partie de votre univers quotidien. En les honorant vous honorez aussi votre parent.
3. Le temps
On se dit qu’on n’a pas le temps pour faire le tri alors on garde et on stock. Et puis si j’en avais besoin, « au cas où ? »
On peut aussi être tenté de tout conserver tout entreposer, sans jamais retourner ouvrir les cartons. Vous l’aurez compris en réalité, c’est une stratégie d’évitement, on pense évacuer le problème en le remettant à plus tard mais en agissant ainsi on repousse également le travail du deuil.
Après réflexion vous ne pouvez pas déménager tout un appartement dans le garage de la maison de campagne, et encore moins payer tous les mois entre 50€ et 250€ pour la location d’un entrepôt, ce ne serait pas raisonnable !
Garder des objets en trop grande quantité a un coût .Vous gagnerez de l’énergie et de l‘argent à faire le tri.
Le conseil d’Hafy :
Il existe un tas de références et de méthodes, pour vous mettre sur la voie du minimalisme et du désencombrement la magie du rangement de Marie Kondo, Danièle Loreau l’art de l’essentiel.
Vous pouvez aussi faire appel au service d’une consultante en rangement si vous vous sentez envahie et débordé.
Pourquoi cela fait du bien de trier les affaires du défunt ?
Faire le tri va nous permettre d’avancer dans le travail du deuil. Nous permettre d’y voir plus clair sur ce qui est important à conserver de cette relation. Il y a les objets certes mais aussi et surtout nos souvenirs qui eux sont gravés dans notre mémoire qui fait bien son travail car elle se souvient justement de ce qui est essentiel.
Hafy explique que certains objets ne vont pas nous faire du bien si ils nous font penser à un mauvais souvenir ou un mauvais caractère. Au moment du partage cela peut aussi apaiser les tensions de ne pas s’accrocher à certains objets.
Le processus de rangement pour les autres permet aussi de prendre conscience que pour ne pas imposer à ses enfants le rangement de nos propres affaires, on peut essayer de ranger, classer au fur et à mesure. La phase de désencombrement s’impose à un moment et elle accompagne un deuil. Trier les affaires d’un défunt permet d’alléger sa vie en lâchant prise sur les objets permet de faire de la place pour sa nouvelle vie.
Comment on s’y prend concrètement pour faire le tri ?
1. Classer par catégories d’objets
Une des premières choses qu’Hafy recommande, c’est de commencer à faire le tri en classant par catégorie d’objets. Ainsi vous vous retrouvez avec les catégories suivantes :
1. À vendre
2. À donner : les objets en bon état qui peuvent servir à d’autres
3. À jeter : les objets non réparables ou non utilisables
4. À recycler
Faîtes de la place pour ce que vous avez envie de vivre aujourd’hui, au présent.
« Je sais que certains d’entre vous à me lire vont lever les sourcils mais je vous garantis, que vous ne pouvez-pas tout garder et certaines choses devront être jetées. D’autres vendues. » Hafy
2. Où mettre/à qui donner les affaires de votre proche disparu ?
Don
Il existe beaucoup d’associations pour les sans-abris, les démunis, les réfugiés, les femmes victimes de violences domestiques… Elles récoltent des vêtements, mais aussi du petit électroménager ou du mobilier (ex. Emmaüs, La Croix rouge). Vous pouvez donner aux Ressourceries, Recycleries, les conteneurs pour les vêtements, pour chaussures.
On vous recommande de contacter le service des ordures de votre ville pour savoir ce qu’ils reprennent ou connaître les horaires de dépôt.
Pour jeter, respecter les codes couleurs des sacs de tri ou recycler certains appareils téléphones, montres, ordinateurs, électroménagers sont repris dans les grands supermarchés. Pour les livres il y a un peu partout des boites à livres dans les villes ou sinon pensez à donner aux bibliothèques, aux écoles…
Réutilisation
Lisez cette initiative magnifique de Lorna, qui a décider d’utiliser les chemises de son défunt mari pour réaliser de beaux objets sentimentaux pour ses petits-enfants. Cela vous donnera peut-être d’autres idées !
En savoir plus sur Hafy
« Le désencombrement s’est imposé à moi après de nombreuses ruptures, séparations et donc déménagements/aménagements. C’est suite à ces périodes de transitions qui pour moi était vécu comme un deuil. Dans le sens où elles correspondaient à la fin d’un cycle mais aussi au renouveau, que j’ai commencé à prendre conscience que je ne pouvais pas accumuler autant d’affaire et que je devais conserver uniquement l’essentiel. C’est à ce moment que j’ai commencé à proposer mes services en consultation de rangement. »
Pour la contacter, rdv sur son profil LinkedIn
Photo de l’article : Jazmin Quaynor