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Comme des milliers de chrétiens en France, Nicole s’investit via sa paroisse auprès de familles qui viennent de perdre un proche et souhaitent une cérémonie d’obsèques catholiques.

Cet entretien vous permettra d’esquisser la mission des équipes des obsèques catholiques au sein de l’Eglise. Vous en apprendrez plus sur le rôle joué par les laïques dans la préparation d’obsèques religieuses.

Une Rose Blanche : Bonjour Nicole, pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est votre rôle dans l’organisation des obsèques catholiques ?

Nicole : Je suis engagée dans l’organisation d’obsèques à deux titres. D’une part, dans ma paroisse à Chaville et d’autre part, au crématorium de Clamart où peuvent avoir lieu des bénédictions catholiques.

Lors de la préparation des obsèques, si la famille exprime sa volonté d’avoir un office religieux pour les funérailles, elle est orientée vers l’Eglise ou le crématorium. Une fois ce choix réalisé, nous sommes mis en relation avec la famille.

En tant que laïque, je les accompagne et les aide à préparer la cérémonie religieuse.

 

Comment vous est venue l’idée de vous investir auprès des familles dans un moment si difficile ?

Nicole : Cela s’est fait assez naturellement. J’ai été pendant plusieurs années bénévole dans un hôpital et par ce biais, j’ai suivi des formations à l’écoute des malades. Prendre la parole en public ne m’a jamais trop impressionnée, puisque je lis régulièrement des textes lors des messes. J’ai aussi eu l’occasion de chanter lors d’enterrements. Lorsque l’on m’a proposé de rejoindre l’équipe de la « pastorale de funérailles », j’ai donc naturellement accepté.

Quelle place prend la religion dans la préparation de la cérémonie d’obsèques catholiques?

Nicole : C’est variable en fonction de la famille. Certaines personnes sont très pratiquantes, d’autres fréquentent peu, voire pas l’Eglise. Néanmoins, leur point commun est souvent le besoin de faire quelque chose de spécial pour le défunt. Elles ne se sentent pas capables d’aborder seules la question de la mort. Les personnes évoquent aussi souvent le fait de ne pas vouloir laisser leur proche « partir comme ça ».

En tant que bénévoles, nous suivons des formations organisées par le diocèse où l’aspect religieux est central. Elles portent aussi sur des thèmes ne se limitant pas à la religion, comme par exemple le deuil ou l’écoute. Celles-ci sont dispensées par des spécialistes et psychologues.

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Nous connaissons les textes de l’Evangile les plus adaptés aux obsèques et avons de nombreux ouvrages pour les commenter. Cela nous permet d’être en mesure de répondre aux principales interrogations des familles. Mais la plupart du temps, au moment du choix les lectures pour la cérémonie, la discussion est plus ouverte. Chacun évoque ses propres croyances et ses doutes de chacun. « Ça, on n’y croit pas trop » ou au contraire, « La relation avec notre papa ne va pas s’arrêter parce qu’il est mort… est-ce cela qu’on appelle la vie éternelle ? ».

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Aux moins croyants, je dis que la vie éternelle c’est continuer la relation mais d’une autre manière : la personne n’est plus là physiquement mais on continue de l’aimer. Concernant la vie éternelle, si nous croyons que Dieu nous a créés et donnés la vie, il ne va pas s’arrêter de nous aimer et de nous donner la vie après la mort.

En quoi ces engagements au sein de la paroisse, de l’aumônerie du crématorium font-ils sens pour vous ?

Nicole : Je trouve cette mission très gratifiante car je me sens utile auprès des familles. Les personnes que je rencontre sont en demande de quelque chose de bien précis : nous nous rencontrons pour atteindre ensemble un but commun, la préparation de la célébration pour leur proche en quelques jours seulement.

La contrainte de temps fait qu’en ce moment si difficile, j’arrive à les aider de manière concrète : préparer les obsèques. Les échanges avec la famille me permettent de savoir ce qu’ils souhaitent pour la cérémonie et surtout, je souhaite comprendre qui était le défunt afin de personnaliser l’hommage.

Si la cérémonie a lieu à l’église, elle est menée par un prêtre à qui j’ai transmis toutes les informations nécessaires. Lorsque je suis au crématorium, je mène moi-même la célébration. Dans tous les cas, je pense que c’est réconfortant pour la famille que la bénédiction soit faite par une personne avec qui elle a déjà échangé.

Que signifie pour vous rendre hommage ? Et pourquoi est-ce si important ?

Nicole : Rendre hommage est synonyme pour moi de « bénédiction ». Le terme vient du latin bene dicere, « dire du bien ». Dire du bien du défunt est une manière de marquer le souvenir de cette personne en nous. Je pense que cela est nécessaire :

  • D’une part, car cela nous permet, à nous vivants, de garder quelque chose de positif de celui qui vient de nous quitter,
  • D’autre part, car cela nous permet de mieux vivre le deuil. On passe d’une relation physique à une relation intérieure avec le défunt… et cette relation est positive.

Est-ce que cela signifie qu’on ne peut dire que des choses positives du défunt ?

Nicole : Lorsqu’on parle aux familles, on se rend parfois compte que le défunt n’avait pas bon caractère, qu’il n’était pas tant apprécié… qu’il avait laissé des blessures auprès de son entourage. Dans ces cas, je leur suggère souvent :

  • D’essayer de se souvenir des choses positives, car cela aide à faire le deuil et être en paix ;
  • De profiter des funérailles pour demander pardon : demander pardon à Dieu pour le défunt, et demander pardon pour nous-même d’en vouloir au défunt.
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Qu’est-ce qui est le plus important pour avoir une belle cérémonie ?

Nicole : Les cérémonies les plus belles sont celles où la sincérité et les témoignages des proches me font comprendre qui le défunt était. La présence de nombreuses personnes, la personnalisation de l’homélie et l’affection qui émane de l’assistance rendent la cérémonie plus réussie.

L’homélie contribue à la beauté de la cérémonie : lorsqu’on arrive à parler aux gens et que l’on parvient à faire émerger un sentiment d’espérance, alors je sens que la cérémonie joue son rôle dans le début du deuil.

Enfin, la musique et les chants choisis jouent aussi un rôle très important dans les obsèques catholiques. Ils aident la famille et l’assistance à méditer et entrer en prière.

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Cet entretien peut faire écho à un débat contemporain au sein de l’Eglise catholique :
Dans un contexte où la qualité de l’engagement des laïques -bénévoles- est reconnue, serait-ce une opportunité pour faire venir de nouvelles personnes dans les églises ?

Le 31/01/2018, le journal La Croix relayait la décision de l’évêque de Grenoble, Mgr Guy de Kerimel d’interrompre la mission de l’équipe catholique des funérailles qui officiait depuis 20 ans au Centre funéraire de la ville… c’est-à-dire en dehors du périmètre historique du diocèse.

Pourquoi cette décision ? Le pape François appelle depuis 2014 les catholiques à « aller aux périphéries ». Les croyants sont invités à sortir de l’église pour être aux côtés des personnes en souffrance, exclues de la société. Pour en lire plus à ce sujet, cliquez ici.

L’évêque de Grenoble semble, lui, vouloir « faire venir les périphéries dans les églises ». Il souhaite en effet « replacer la paroisse et la communauté chrétienne au centre de la pastorale des funérailles », dans un souci d’évangélisation et avec le souhait que « tout le monde puisse se sentir le bienvenu à l’église ».

Un débat intéressant à suivre, notamment dans la rubrique « Courrier » du journal La Croix.

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Si vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée de funérailles religieuses, découvrez les réflexions partagées sur le rapport des catholiques non pratiquants à l’Eglise.

Photo de l’article : IV Horton

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