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Après le suicide d’un proche, parler de ce qu’on ressent n’est pas facile. Se sentir compris encore moins. Et si la lecture pouvait aider à traverser ce temps très douloureux ?

Après le suicide de son amie Léa, qui aurait dû avoir 25 ans l’année dernière, au moment où je commençais à écrire ce blog, Aurore m’a confié :

« Mon père qui s’inquiétait beaucoup pour moi m’a offert un livre Vivre après le suicide d’un proche. Je l’ai regardé de travers, un peu sceptique.

A part les romans de Michel Bussi et Fred Vargas, déjà que je ne lis pas grand-chose, alors un livre psycho… « Tu me vois vraiment lire ça ? Je n’ose même pas imaginer comment les gens me regarderaient dans le métro ». Le livre offert par mon père est resté 3 semaines non ouvert au fond de mon sac.

Et puis un soir, alors que j’étais seule, que je pleurais et regardais pour la 50ème fois les photos de nos dernières vacances et de la grosse fête qu’on avait organisée pour la fin de nos études, je me suis décidée à l’ouvrir ce livre.

Tout à coup, lire des témoignages de personnes qui étaient passées par là, me reconnaître en eux et avoir des explications d’un psychiatre sur ce que je ressentais m’a aidé. Je ne suis pas seule. Merci papa de me l’avoir acheté ce livre finalement…« 

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Ces livres qui aident à traverser le deuil après un suicide, en voici une petite sélection. Pour des raisons de transparence, je tiens à préciser que je ne les ai pas tous lus à titre personnel. Cette sélection ne fait que relater des avis de personnes rencontrées et d’avis laissés sur des forums d’entraide que je considère sérieux.

Après le suicide d’un proche, Vivre le deuil et se reconstruire, Christophe Fauré

[Courts témoignages et analyse] Le livre de référence sur ce thème. L’auteur, le docteur Christophe Fauré, spécialiste du deuil y aborde tous les aspects de cette souffrance : la culpabilité, la colère, le désespoir, la tentation d’en finir à son tour, les difficultés dans la relation avec autrui, la solitude, le désarroi des proches… À partir de témoignages nombreux et variés, il s’adresse à celui qui reste lorsque l’autre est parti et à son entourage, démuni pour l’aider. Ces paroles aident le lecteur à nommer sa souffrance… comme cela a été le cas pour Aurore, que je mentionne en introduction de cet article.

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Editeur : Albin Michel

La vie après le suicide d’un proche, Katia Chapoutier

[Courts témoignages et analyse] Prolongement du magnifique film documentaire (du même nom) diffusé sur France 5 en octobre 2017, ce livre donne aux lecteurs les clefs pour se reconstruire après le suicide d’un proche et continuer de vivre. Il donne la parole aux endeuillés du suicide. Que le décès date de quelques mois ou de plusieurs années, ils racontent leurs histoires, partagent leurs expériences et prouvent que l’on peut non seulement survivre mais vivre. Leurs témoignages sont complétés par les regards de spécialistes comme le psychiatre Christophe Fauré (celui qui a écrit le livre cité juste au-dessus) et Xavier Pommereau, psychiatre travaillant avec les adolescents.

Editeur : Le Passeur

Même quand la nuit je dors, La mort d’un fils, Anne Dodemant

[Témoignage autobiographique] Anne Dodemant est psychologue mais c’est en tant que maman qu’elle a entrepris de raconter la mort et le deuil. Temps de l’annonce et rites des funérailles, puis le temps de l’absence, du manque et de la révolte. Combat pour redécouvrir la beauté de la vie. Un extrait du livre : « Tu es mort. Luc est mort. Une semaine avant tes 29 ans, le 18 septembre 2009, lors des grandes marées, à l’heure où le soleil se couche, tu as décidé de quitter notre monde et d’en rejoindre un autre. Depuis, ton absence a tout envahi. Les mots m’ont quittée. Pourtant je te parle tout le temps, même la nuit quand je dors. »

Editeur : Albin Michel

Le vertige du suicide, Lettre aux proches désemparés, Joël Pralong

[Regard catholique] Joël Pralong, prêtre suisse qui a côtoyé beaucoup de jeunes tentés par le suicide et de familles touchées par une telle épreuve, aborde le thème du suicide avec un message de consolation et d’espérance. Il répond à des questions telles que : est-ce un acte de courage ou une lâcheté ? Est-ce un acte vraiment libre ? La personne est-elle responsable de son geste ? Qui est responsable et surtout quelle prévention peut-on envisager ? En faisant un parallèle avec plusieurs scènes de l’Évangile, avec sa foi, il explique que Jésus était là, auprès de cette personne désespérée, et qu’il est encore là quand ses proches souffrent et pleurent, minés par le poison de la culpabilité et des questions sans réponse.

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Editeur : EDB (Edition des Béatitudes)

Quand un enfant se donne la mort, Boris Cyrunlnik

[Etude sociologique] Pour les plus scientifiques d’entre nous, en plus de l’analyse psychologique, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik analyse les raisons qui peuvent amener un enfant à se donner la mort. Notre système y est analysé sous 2 aspects principaux :

– d’une part, l’école serait un classificateur social surinvesti par les parents qui réalise les conditions expérimentales de l’angoisse (immobilité physique, suppression de procédés spontanés de tranquillisation, désorganisation des rythmes scolaires).
– d’autre part, l’impact des migrations de l’après-guerre sur la deuxième génération : troubles anxieux et idéal de soi.

Editeur : Odile Jacob

Enfin, parce que lire peut aider mais ne suffit souvent pas, parler est essentiel. Avec des personnes de confiance qui vous entourent et vous soutiennent au quotidien. Mais aussi avec d’autres, rencontrées spécialement dans le cadre de rencontres proposées aux personnes ayant perdu un proche suite à un suicide. C’est notamment ce que propose l’association Empreintes, Vivre son deuil (uniquement à Paris à l’heure où j’écris cet article). Plus d’informations ici

Souvent, suite au suicide d’un proche, on porte un regard plus sombre sur sa vie. On doute. On remet en question des moments partagés en ce demandent « Est-ce qu’il était vraiment heureux à ce moment-là ? ». Oui. Une personne qui a décidé de se donner la mort a aussi vécu beaucoup de moments joyeux. Pour vous aider à vous les remémorer et ne pas ternir sa vie, Une Rose Blanche peut vous accompagner à travers un livre de souvenirs.

Photo de l’article : Alice Hampson

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